FORMER ET PROFESSIONNALISER LES ACTEURS ET LES ACTRICES DE DEMAIN.

BATIR UN NOUVEL HORIZON POUR LA JEUNESSE SÉNÉGALAISE

Depuis quelques années, les industries cinématographique et audiovisuelle sénégalaises sont en plein essor. A l’échelle panafricaine mais aussi internationale, Mamadou Dia, Moussa Sène Absa, Alain Gomis, Angèle Diabang, Ramata Toulaye-Sy, Mati Diop et d’autres ont fait valoir le cinéma sénégalais comme un art innovant et engagé. A la télévision, l’année 2019 a marqué le coup d’envoi de l’essor des séries sénégalaises qui ont supplanté les télénovelas sud-américaines avec des épisodes qui attirent 1 à 2 millions de téléspectateurs. Les séries participent au dynamisme des industries culturelles et créatives sénégalaises.

Il reste à structurer ce secteur en pleine transformation pour faire du Sénégal une nouvelle puissance audiovisuelle et cinématographique en Afrique.

  • L’EIAD a réalisé une étude de marché auprès de 9 des 10 plus importants producteurs audiovisuels de Dakar. En 2022, ces 9 producteurs représentaient 550 contrats d’acteurs et d’actrices et 49 contrats de réalisateurs, pour 21 projets de création (films et séries confondus). En 2024, ces neuf producteurs réaliseront 34 projets et signeront plus de 700 contrats d’acteurs. Et tous font le même constat : la nécessité et l’urgence de former les acteurs et les actrices pour améliorer leur niveau de jeu, leur professionnalisme, leurs connaissances juridiques, leur expérience afin de faire face aux difficultés croissantes de trouver de bons acteurs en nombre suffisant. Ils soulignent par ailleurs le manque de personnes qualifiées pour accompagner la structuration du secteur et notamment les agents et les directeurs de casting. Les producteurs du cinéma sénégalais ou de séries internationales éprouvent de nombreuses difficultés à réaliser leur casting au Sénégal.

    Entre octobre 2021 et mai 2024, l’EIAD a mis en place 1 200 heures de formation « Nomad » pour les acteurs et actrices sénégalaises, sous la forme d’ateliers centrés sur la pédagogie du projet. Elle a noué des partenariats avec le Centre Culturel Blaise Senghor, le Grand Théâtre Doudou Ndiaye Rose,  le théâtre national Daniel Sorano,  le Centre Culturel Le Plateau à Saint-Louis, l’Institut français à Dakar et à Saint-Louis. Tous ces partenaires ont accueilli les ateliers Nomad de l’EIAD, qui a également développé une relation de confiance avec le Centre Yennenga pour la post-production des projets audiovisuels Nomad. Avec l’École de la Comédie de Saint-Etienne en 2022 et l’École Régionale d’Acteurs de Cannes-Marseille en 2023 et 2024, l’EIAD a développé des programmes d’échanges d’étudiants et des créations communes. Cette première phase a constitué une préfiguration du projet d’École Internationale d’Acteurs-Actrices de Dakar.

    Au 2e semestre 2024, l’EIAD franchit une nouvelle étape. Elle s’installe dans ses murs, dans l’atelier du grand sculpteur sénégalais Ousmane Sow, situé Cité Elisabeth Diouf sur la commune de Hann Bel-Air et passe d’une vision  nomade à la mise en œuvre d’un programme de formation professionnelle continue pour les acteurs, les directeurs de casting, les futurs agents, les réalisateurs (spécifiquement sur la direction d’acteurs) et les chargés de production, d'une durée de 5 semaines à 5 mois. L’installation de l’EIAD dans cet espace de 900 m2 permet à l’École de disposer en un même lieu de bureaux, de salles de classes, de studios et de plateaux techniques pour mener plusieurs formations de façon concomitante tout en disposant d’une capacité d’accueil pour accueillir les stagiaires étrangers. En 2025, elle créera la première plateforme d’acteurs et d’actrices pour développer la visibilité des acteurs professionnels au niveau national, sous-régional et international. A l’automne 2026, l’EIAD ouvrira un cursus de formation initiale.

L’EIAD EN QUELQUES MOTS

  • > développer un programme de formation continue dès 2024
    > développer un programme de formation initiale à partir de 2026
    > développer l’insertion et la professionnalisation des artistes

  • > structurer le secteur en dispensant une formation d’excellence
    > coopérer avec les opérateurs locaux, nationaux et internationaux
    > faire émerger une nouvelle génération de professionnels

  • > un modèle économique singulier, pérenne et vertueux
    > un centre d’activités doté d’équipements professionnels
    > une dynamique de synergie des forces créatives panafricaines

UN AMBITIEUX PROJET
DE PROFESSIONNALISATION

L’École Internationale d’Acteurs-Actrices de Dakar - EIAD est un projet formation et de professionnalisation des acteurs et des actrices au Sénégal. Lieu de formation initiale et de formation professionnelle continue, espace de rencontres et d’échanges avec d’autres formations africaines et européennes, laboratoire d’expérimentations artistiques qui rassemblera des professionnels et des pédagogues reconnus, l’EIAD est une école ancrée sur son territoire pour y développer un cursus artistique cohérent avec les aspirations des élèves et qui prendra soin de multiplier les échanges internationaux pour faire résonner les problématiques et les promesses des sociétés africaines avec le monde.

L’EIAD aspire à offrir une gamme complète de formations, structurées en deux volets principaux.
En complément, des ateliers intensifs de 2 à 4 semaines viendront enrichir cette offre, permettant une approche pratique et diversifiée de l’apprentissage.

  • Proposée sous la forme d’une offre de formations «à la carte», d’une durée de 5 semaines à 5 mois. Pour la formation des acteurs et des métiers liés à la direction et à l’accompagnement des acteurs : formation au doublage, à la post-synchronisation, à la gestion de carrière, au métier d’agent, de directeur de casting, formation des réalisateurs à la direction d’acteurs...

  • Proposée sous la forme d’un cursus d’enseignement spécialisé en 3 ans, dont une année de professionnalisation avec un diplôme équivalent à la licence. Cursus incluant des échanges internationaux avec des écoles d’art dramatique dans le monde entier.

    L’enseignement au sein de l’EIAD s’envisage autour d’une discipline centrale, le jeu de l’acteur, et de plusieurs disciplines complémentaires : jeu face caméra, arts du récit, mise en scène, dramaturgie, lectures de textes et de scenarii, scénographie, costume, écriture dramatique et scénique, technique vocale, masque, improvisation, corps en jeu, histoire du théâtre, histoire du cinéma.

  • Au-delà des workshops organisés en coopération avec les écoles internationales (dès mars 2025), l’EIAD proposera à partir de 2026 un workshop d’un mois à destination de comédiens et comédiennes du monde entier pour leur permettre d’échanger, de discuter, de pratiquer et de réfléchir ensemble en travaillant aux côtés de metteurs en scène réputés.

  • À l’avenir, la formule «Nomad» mise en œuvre depuis 2021 évoluera pour devenir un outil de décentralisation «itinérant» afin de rencontrer/détecter les talents sur l’ensemble du territoire sénégalais

VALEURS, ENJEUX ARTISTIQUES ET PÉDAGOGIES DE L’EIAD

L’EIAD s’'engage à former des artistes contemporains en mettant en avant des valeurs humanistes, une pédagogie exigeante, et une approche interdisciplinaire. Ancrée dans la réalité africaine, elle prône une pratique artistique collective, ouverte et moderne, où la liberté, la citoyenneté et la création sont au cœur de l’apprentissage, en dialogue constant avec les transformations de la société et les évolutions des pratiques artistiques.

  • L’EIAD porte des valeurs humanistes. L’enseignement de l’art dramatique repose sur l’articulation d’un parcours individuel et d’une pratique collective qui lutte contre toute forme de discrimination et promeut l’égalité entre les femmes et les hommes en prêtant attention à la parité à tous les niveaux.

    Notre enseignement repose sur une éthique de la relation qui place toujours l’élève en position de sujet de son apprentissage. Il suppose la prise en compte des évolutions qui traversent la société et de la façon dont elles agissent de manière intime et collective dans les générations qui se forment au jeu : s’inscrivant nécessairement dans un contexte socio-culturel et géopolitique prégnant, il travaille à déployer la fiction et nourrir les imaginaires.

  • L’EIAD se caractérise comme une école de vie, de liberté et de citoyenneté, de découverte et de connaissance. «Jouer» au théâtre ou au cinéma est un exercice de l’imagination, de la sensibilité, de l’intelligence qui implique des techniques et son enseignement une méthode.

    Ses programmes pédagogiques sont conçus pour stimuler l’ouverture d’esprit, la curiosité, la découverte et la diversité des approches en préservant la spécialisation que nécessite la formation à la pratique d’une discipline. Par ailleurs, l’enjeu d’une formation artistique exigeante nécessite l’acquisition de repères critiques forts, l’éducation du regard et de l’écoute.

    L’EIAD inscrit l’acquisition des compétences dans la durée.

  • L’EIAD est particulièrement à l’écoute de l’effacement des frontières entre les arts, qui aboutit à des formes nouvelles et à des brassages multiples, à l’interdisciplinarité, au croisement des champs artistiques : danse, musique, théâtre, cinéma, créations audiovisuelles, tous ses champs s’hybrident pour donner naissance à des créations contemporaines nouvelles.

  • La création théâtrale et cinématographique ainsi que la médiation culturelle seront au cœur de l’activité de l’EIAD afin de développer la relation avec les publics.

  • Enfin, l’EIAD s’inscrit dans la modernité. A ce titre, il ne s’agit pas pour l’EIAD de confronter les traditions, mais de former des artistes contemporains ancrés sur le continent africain et dont les corps et les langues incarnent cette modernité.

« À l’époque, au Sénégal, être acteur n’était pas considéré comme un métier. »
— Adama Diop

QUELQUES MOTS DU DIRECTEUR

Dans mon enfance je n’ai jamais rêvé d’être acteur. Même si les sketches à la télévision de Daaray Kocc avec Makhouredia Gueye et Baye Peulh, duo comique irrésistible, ceux de la troupe Bara Yeggo et bien d’autres m’ont bercé. Mais à l’époque, au Sénégal, être comédien n’était pas considéré comme un métier.

Le théâtre est donc entré dans ma vie par hasard. En 2000, à la demande du Lycée Blaise Diagne de Dakar, nous rencontrons Abdel Kader Diarra pour participer au Festival Interscolaire organisé par l’Institut français. Nous remportons alors le premier prix et partons en voyage à Montpellier pendant deux semaines. Lors d’une visite de l’ENSAD (École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier), je vois l’acteur Babacar M’Baye Fall en train de travailler. De ce moment naquit un rêve : pour la première fois, je me suis dit pourquoi pas moi ? C’est à ce moment-là que j’ai décidé de quitter Dakar pour me former en France. À l’ENSAD d’abord puis au prestigieux CNSAD (Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris).

L’idée d’une école à Dakar me hante depuis cette époque. Car pendant tout le temps de ma formation, je me disais que tous les camarades que j’avais laissés à Dakar méritaient eux aussi de pouvoir se former et de profiter de tous les outils dont je bénéficiais dans ces écoles.
Cela fait plus de 20 ans que je suis parti du Sénégal et que j’ai la chance d’accomplir ce rêve d’être acteur, formateur et aujourd’hui metteur en scène.

Le projet de l’EIAD s’est cristallisé en 2020. Il me paraît aujourd’hui nécessaire et urgent de partager dans mon pays mes expériences avec des jeunes désireux de devenir des comédiens professionnels. Pour que les jeunes sénégalais ou des pays voisins n’aient pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour se former.

En 2020, lorsque nous avons posé les bases du projet avec l’équipe, nous avons énoncé cinq principes fondateurs :

  • une école d’acteurs et d’actrices pour le théâtre et le cinéma

  • une école internationale ancrée sur son territoire

  • une école paritaire, qui donne les mêmes chances aux femmes et aux hommes

  • une école qui conjugue formation continue et enseignement supérieur

  • une école tournée vers l’insertion professionnelle des jeunes

Depuis l’ouverture des formations «Nomad» en octobre 2021, nous avons eu une obsession avec nos partenaires : fonder des bases solides, se déployer progressivement et bâtir le projet étape par étape pour s’inscrire dans la durée.

EIAD-NOMAD :
RAPPORT D’ACTIVITÉ